Mayotte » Départ de Paris

Après près de 2h dans les transports en commun, me voici à l'aéroport d'Orly.

Il n'est pas encore 18h, mais l'enregistrement pour mon vol à déjà commencé, et constitue une parfaite illustration du terme cacophonie. Je me met donc en troupeau avec les autres passagers (et non en file comme c'est généralement d'usage) et commence moi aussi à jouer à me déplacer dans la meute dans l'espoir d'arriver à un moment ou à un autre jusqu'à un comptoir d'enregistrement.

Il y en a justement un là à droite qui semble accessible, mais avant d'avoir pu bouger, une autre passagère a pu y échouer et commence à sortir son billet. Je me place donc derrière elle, car elle à environ 6 fois moins de valises que les autres passagers (soit une valise), aussi je me dit qu'elle passera rapidement… Un homme noir avec un T-Shirt rouge vient me voir et m'explique qu'il a plein de bagages et me demande si j'ai quelques kilos à lui prêter, un guichet se libère à ma droite, je lui dit que je doute d'avoir de la marge, je saute sur l'occasion et me propulse vers l'hôtesse, il m'indique qu'il a ce sac bleu qui est pas bien gros et doit pas peser trop lourd, je dit bonjour à l'hôtesse en lui donnant mes papiers, je demande à l'homme ce qu'il a dans son sac et le prie de me montrer, confirme mon identité, le type semble ne pas avoir une bombe mais plutôt des casquettes, chewing-gum et autre goodies / SWAG récupérés à une conférence. Son sac faisant 7 kilos, le mien 23, la limite de 25 est dépassée et je ne ferais donc pas transiter ses affaires. Dans l'agitation, on oublie de peser mes bagages à main mais la limite des 5 kilos est loin d'être atteinte.

Une fois enregistré, j'ai tout le loisir de me rendre à la porte d'embarquement, emprunter un téléphone pour envoyer un SMS à Virginie lui indiquant la très faible probabilité que je rate mon avion, et patiente pour l'embarquement, m'imaginant déjà la pagaille qu'il génèrera.

Pour quelque obscure raison, les passagers sont appelés par place dans l'avion ce qui est profondément décevant car en lieu et place des 5h qui auraient été requises pour faire l'embarquement du troupeau de passagers quelques dizaines de minutes ont suffi. Personne ne vérifie que les ceintures sont attachées, on informe seulement les passagers non-voyants qu'ils sont assis à côté des issues de secours s'ils ne l'avaient pas remarqué et qu'il faudra peut être réagir s'il y a un souci, on voyage en low cost, faut pas oublier :-).

L'avion décolle, et c'est parti pour 10h d'un ballet lassant de gens qui vont aux toilettes, d'enfants qui pleurent, et d'aucune autre animation malgré l'annonce de zones de turbulences après le décollage et sur l'Afrique. Mon voisin de droite est un jeune mahorais d'une vingtaine d'années, étudiant en communication à Perpignan, qui rentre chez lui pour les vacances. Ma voisine de droite une râleuse flasque qui parle toute seule. Seul divertissement du vol, un type louche qui me regarde intensément en attendant pour aller aux toilettes, et n'arrive plus à se retenir (de me parler, alors que je déploie toute mon énergie à ignorer son regard globuleux) et me dit On se connait. Non, définitivement, je ne connais pas ce zouave, je tente de répondre courtoisement Heu, non, je ne pense pas… mais il est lancé Mais si! J'te connais! Tu travaille aux Guignols… aux Guignols de l'Info. Je garde ma réflexion sur le fait que le guignol soit lui et me contente d'essayer de lui faire comprendre qu'il se met le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate Non, absolument pas du tout! Je ne travaille pas là bas, et on ne se connaît pas. Mon dogmatisme semble le sidérer, l'absence de lueur d'intelligence de de son regard s'intensifie, il reste muet comme une carpe quelques instants avant de me demander — Ha mais il ne me lâchera donc jamais ? — Tu crois que ça craint de fumer dans les toilettes? — Je crois qu'ils ont dit que ça va chercher dans les 750 € d'amende si tu te fais prendre, du coup c'est toi qui vois…, réponse pragmatique. Applaudissement à l'atterrissage, on est dans un vol touristique, pas de doute.