Mayotte » Randonnée à Petite-Terre

Le programme de la journée est chargé! Notre objectif du jour est de visiter Petite-Terre du sud vers le nord, en commençant par faire l'ascension de la Vigie, marcher le long du chemin des crêtes pour rejoindre la plage de Moya, se baigner si le temps le permet, puis rentrer en empruntant la portion du chemin qui fait le tour du lac Dziani Dzaha que nous n'avions pas parcouru la fois précédente et en traversant la ville de Labattoir.

On commence donc par se lever à 5h30 pour prendre un petit déjeuner sur le toit en profitant du lever de soleil.


Lever du soleil sur Cavani.

Après avoir recherché les tickets de barge que nous avions achetés lors de notre précédente excursion sur Petite-Terre, nous devons nous rendre à l'évidence et admettre leur perte… la journée commence bien. Nous nous rendons donc à la barge à Mamoudzou, achetons quelques viennoiseries sur le chemin pour les manger en attendant la barge (et en oubliant que c'est le ramadan… la journée continue bien). C'est à ce moment là que l'on s'aperçoit que le bouquin sur Mayotte que nous avons pris ne contient pas de carte (et d'ailleurs pas grand chose d'intéressant plus généralement)… La journée s'annonce donc vraiment très bien.

Après avoir débarqué à Dzaoudzi, nous commençons notre escapade sur Petite-Terre en ne suivant pas le flot des passagers de la barge, pensant pouvoir quitter Dzaoudzi par un autre chemin que la route principale. Il s'avère qu'il n'y a en fait qu'une seule route pour quitter Dzaoudzi, le terrain étant occupé par différents corps d'armée et les civils ne pouvant les traverser. Nous rebroussons donc rapidement chemin pour quitter Dzaoudzi.

N'ayant pas de plan, et ne sachant où rejoindre le chemin qui nous permettra de monter au sommet de la Vigie — le point culminant de Petite-Terre — nous marchons vers le sud, dans la direction de l'aéroport et Pamandzi, le long d'une route nationale qui n'est pas des plus agréables et tentons à vue de nous diriger vers ce qui semble être une montagne assez élevée dans la direction que nous jugeons bonne.

Au dessus de nos têtes, une multitude d'araignées ont déployé leurs toiles. Attention, je ne parle pas ici de petites araignées comme il y en a un peu partout, mais plus du bestiaux dont le corps fait dans les 5 centimètres et l'envergure dans les 10! À la question Ça va? ma réponse fût des plus naturelle: Aussi bien qu'on peut aller quand on est à moins de 10 mètres de ces choses.


Copine!

Lassés de la route nationale, nous empruntons une petite route goudronnée douteuse qui monte en sillonnant entre quelques maisons, en espérant que nous n'aurons pas besoin de rebrousser chemin au bout de celle-ci. La route se transforme en chemin, mais il y a encore quelques habitations aussi nous gardons espoir. Ce large chemin débouche sur un enclos où paissent quelques zébus, et devant lequel passe… un sentier! Nous le suivons donc joyeusement vers la gauche, du côté où il monte.

Le sentier traverse des zones à la végétation dense, longe parfois des terrains barricadés. Nous y croisons un homme avec une brouette, mais globalement il n'y a pas grand monde autour de nous.


On fini par trouver un chemin.

Nous arrivons finalement — et à notre grande surprise — dans un village de bangas, suivons pendant un temps des flèches jaunes y voyant quelque balisage, puis quand ces flèches pointent une direction outrancièrement erronée, nous reconsidérons leur raison d'être, et décidons de suivre (de loin) un groupe d'autochtones. Nous arrivons finalement sur une petite route goudronnée qui monte vers des pylônes bardés de paraboles et autres antennes, sans doute en haut du mont sur lequel nous sommes, sans doute la Vigie… mais nous n'en sommes pas sûrs. Nonobstant, nous poursuivons notre marche et explorons le sommet de la montagne que nous avons gravie.

La végétation est dense et n'offre pas de vue panoramique sur le lagon. On peut cependant voir Grande-Terre entre les cocotiers, on aperçoit l'aéroport, la passe en S, … Nous en profitons pour faire une pause, l'ascension ayant été éreintante d'une part, et le sac à dos contenant un bout de cantal vieux d'autre part.


Le Choungui a la tête dans les nuages.


La passe en S au large de l'aéroport.

Nous poursuivons notre exploration du sommet de ce qui nous semble de plus en plus être la Vigie.

Ayant vu passer des gens avec des noix de coco, et entretenant depuis mon arrivée l'envie d'en cueillir une de mes propres mains, nous nous essayons à cette discipline. Seul petit problème, comme tous les fruits sympas qui poussent dans le coin, elles poussent à plusieurs mètres de hauteur (jusqu'à 25). Il y a certes des entailles sur les troncs des cocotiers pour y grimper, mais quand même, ça fait haut…

Nos optons donc pour une méthode moins périlleuse et essayons de décrocher des noix en s'aidant d'une palme de cocotier ou en leur jetant des pierres dessus… mais rien n'y fait. C'est un échec cuisant.


Une tentative de cueillette de noix de coco.

Par chance, Virginie trouve une noix de coco au pied d'un cocotier alors qu'elle cherche d'autres pierres que je pourrais lancer un peu moins à gauche des noix que je rate avec une rare régularité. Après quelques persévérations infructueuses, nous abandonnons l'idée de faire tomber des noix et décidons de nous contenter de celle trouvée au sol.


Virginie à trouvé une noix de coco.

Transporter la noix avec sa bourre (l'enveloppe extérieure) n'est pas des plus pratique: c'est lourd et volumineux. Nous nous installons donc dans un coin tranquille et commençons à l'éplucher en utilisant la scie du couteau suisse de Virginie à défaut de mieux. L'outil local adapté serait ici un Chombo — une sorte de machette — mais nous n'en avons pas.


On scie la peau extérieure de la noix.


Enfin! La coque apparaît!

Dans le feu de l'action, nous allons jusqu'à ouvrir la noix pour boire un coup et faire un nouveau goûter…


Pas de tire-bouchon conventionnel. On scie donc un triangle pour boire le jus de la noix.


Oooh noix de coco! Nom nom nom!!

Nous sommes au delà des sentiers balisés de la Vigie et faisons donc demi-tour pour aller vers le nord, emprunter le chemin des crêtes et rejoindre la plage de Moya.

Nous redescendons donc par la route que nous avions trouvée après avoir traversé le village de bangas, en suivant le chemin de GR trouvé fortuitement. Il s'agit d'une route assez escarpée, en assez mauvais état, et qui se termine en cul de sac aussi le trafic est-il nul. La marche est donc assez agréable. Le balisage de la GR semble assez approximatif, parfois des lignes rouges et blanches sont peintes sur tous les arbres ou presque dans des lignes droite où même avec beaucoup d'imagination on aurait du mal à se perdre, parfois il faut franchir deux intersections et encore faire quelques centaines de mètres pour retrouver de telles marques.

Nous arrivons à une espèce de parking, voyons la mer pas très loin, il y a de nombreux abris pour faire de barbecues (voulés), et pas mal de voitures. Nous ne sommes pas en avance sur notre planning (la noix de coco ne nous a pas fait gagner du temps) et nous aimerions quand même avoir le temps de mettre au moins les pieds dans l'eau à la plage de Moya aussi nous ne nous attardons pas [1] et continuons de suivre la GR qui quitte la route au profit d'un sentier qui monte sur les crêtes.

La montée n'est une fois encore pas de tout repos. Arrivés en haut, nous pouvons voir les plages que nous avions aperçues en contrebas. Il s'agit d'anciens cratères que l'érosion à fait s'éventrer dans la mer (ce qui arrivera un jour au lac Dziani Dzaha) [2].


Les plages dans d'anciens cratères qui se sont éventrés sur la mer.

Le sentier continue en direction du nord. Nous apercevons le relief du cratère du lac Dziani Dzaha d'où par le chemin vers les plages de Moya et où nous souhaitons à terme arriver. Il faut chaud, mais maintenant que nous sommes montés, le chemin est plat et pas trop fatiguant. Seul l'épuisement de nos ressources en eau est contraignant.


On arrive vers le lac Dziani Dzaha. Virginie garde la noix de coco.

Le chemin longe la crête des cratères éventrés, et au nord, nous voyons une plage que nous supposons être celle tant espérée de Moya.


Vue de la crête du cratère sur la plage en contrebas.


La plage au nord.

Le chemin descend d'ailleurs, nous nous attendons donc à arriver à la plage, puis à remonter sur le cratère du Dziani Dzaha


Dernière regard vers le sud avant de commencer la descente.

La descente commence pas trop mal, mais tourne à la déconfiture lorsque nous trouvons une intersection que nous connaissons, indiquant Tour du cratère aussi bien à droite qu'à gauche: nous sommes au Dziani Dzaha, les plages de Moya étaient celles où nous avions trouvé un parking (voir [1]) et la topologie que nous avions remarqué en [2] aurait dû nous mettre la puce à l'oreille.

Y retourner sans eau et à moins de 3 heures du coucher de soleil n'est pas raisonnable. Dépités, nous nous asseyons et mangeons le casse croûte préparé le matin, puis finissons notre tour de lac, traversons Labattoir, rejoignons Dzaoudzi, ralions Mamoudzou en barge et marchons jusqu'à Cavani. On ne se sera pas baignés du week-end. Monde injuste.